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XI

Hadji Mourad était depuis cinq jours à Tiflis quand Loris Melikoff, l’aide de camp de Vorontzoff, se rendit près de lui sur l’ordre du général en chef.

— Et ma tête et mes mains sont heureuses de servir le Sardar, dit Hadji Mourad, avec son expression diplomatique habituelle, la tête inclinée et les mains appuyées contre sa poitrine. — Ordonne, dit-il en fixant d’un regard doux les yeux de Loris Melikoff.

Loris Melikoff s’assit dans un fauteuil qui se trouvait près de la table, et Hadji Mourad prit place en face de lui sur le divan bas, les mains appuyées sur ses genoux et la tête inclinée, écoutant attentivement ce que lui disait Loris Melikoff. Celui-ci, qui parlait couramment le tatar, dit à Hadji Mourad que le prince, bien que connaissant déjà tout son passé, désirait apprendre de lui-même toute son histoire.

— Tu raconteras, moi j’inscrirai, je traduirai en russe et le prince enverra à l’empereur, dit Loris Melikoff.

Hadji Mourad se taisait (non seulement il n’interrompait jamais son interlocuteur, mais il