Page:Tolstoï - Katia.djvu/102

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faisait le rapport à Macha, qu’un paysan, Simon, était venu demander une volige pour le cercueil de sa fille, et en argent un rouble pour son office mortuaire, et qu’il le lui avait donné.

— Est-ce qu’ils sont si pauvres ? demandai-je.

— Très-pauvres, mademoiselle, ils vivent sans sel[1], répondit l’intendant.

J’eus le cœur serré, et en même temps je me réjouis, en quelque sorte, de l’avoir appris. Faisant croire à Macha que j’allais me promener, je courus en haut, je pris tout ce que j’avais d’argent (il y en avait très-peu, mais c’était tout ce que je possédais), puis, ayant fait le signe de la croix, je partis seule, à

  1. Locution russe énergique pour exprimer une grande misère.