Page:Tolstoï - Katia.djvu/238

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rèrent quelque chose, me dirent qu’il m’aimait, que j’étais tout pour lui, et ses mains me pressèrent plus fortement. Je sentis du feu dans mes veines, mes yeux s’obscurcirent, je tremblai, et les paroles par lesquelles j’aurais voulu l’arrêter se desséchèrent dans mon gosier. Tout à coup je sentis un baiser sur ma joue, et alors, tremblante et glacée, je demeurai sur place et le regardai. N’ayant la force ni de parler, ni d’agir, pleine d’effroi, j’attendais et je souhaitais Dieu sait quoi.

Tout ceci eut la durée d’un instant. Mais cet instant fut terrible ! Dans cet instant je le vis tout entier tel qu’il était, j’analysai son visage d’un coup d’œil : son front court et bas, son nez droit et correct, aux narines gonflées, ses moustaches et sa barbe fines et cirées en pointes aiguës, ses joues rasées