Page:Tolstoï - Katia.djvu/252

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ces gracieuses et douces chansons ? Tout ce que j’avais à peine osé espérer s’était accompli. Mes rêves les plus confus et les plus compliqués étaient devenus des réalités, et c’était cette réalité même qui constituait ma vie si lourde, si difficile, si dépouillée de joie. Et cependant, autour de moi, toutes choses ne sont-elles pas restées ce qu’elles étaient : n’est-ce pas bien ce même jardin, que j’aperçois de la fenêtre, ces mêmes terrasses, ces mêmes sentiers, ces bancs ; là-bas au-dessus du ravin les chants des rossignols semblent toujours sortir des eaux de l’étang, les lilas fleurissent comme jadis, et comme jadis la lune répand ses clartés sur la maison, et pourtant tout est si terriblement changé pour moi, changé au-delà du possible ! Tout comme dans le vieux temps nous causons encore paisiblement, Macha et