Page:Tolstoï - Katia.djvu/90

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cette nuit respire la jeunesse et le bonheur, et nous avec elle ? »

Nous revînmes à la maison, mais il ne nous quitta pas de longtemps encore. Macha oubliait de nous rappeler qu’il était tard ; nous causions de toutes sortes de choses, assez futiles d’ailleurs, restant assis près les uns des autres, sans nous douter nous-mêmes le moins du monde qu’il fût trois heures du matin. Les coqs avaient chanté leur troisième chant quand il partit. Il prit congé de nous tout comme à l’ordinaire et sans rien dire de particulier. Mais je savais à n’en pas douter qu’à dater de ce jour il était à moi et que je ne pouvais plus le perdre. Dès que j’eus ainsi bien reconnu que je l’aimais, je racontai le tout à Macha. Elle en fut joyeuse et touchée, mais la pauvre femme ne put s’endormir cette nuit-là, et,