Page:Tolstoï - Katia.djvu/91

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pour moi, je restai longtemps, longtemps encore, à me promener sur la terrasse, à parcourir le jardin, cherchant à me rappeler chaque parole, chaque fait, repassant dans les allées ou nous avions passé ensemble. Je ne me couchai pas de toute la nuit, et pour la première fois de ma vie, je vis lever le soleil et je sus ce qu’était le grand matin. Je ne revis plus jamais ni une semblable nuit ni une matinée pareille. Seulement je me demandais pourquoi il ne me disait pas tout simplement qu’il m’aimait. Pourquoi, pensai-je, invente-t-il telle ou telle difficulté, pourquoi se traite-t-il de vieux, quand tout est si simple et si beau ? Pourquoi perdre ainsi un temps précieux, qui peut-être ne reviendra jamais ? Qu’il dise donc qu’il aime, qu’il le dise en propres termes, qu’il prenne ma main dans la sienne, qu’il incline la