Page:Tolstoï - La Sonate à Kreutzer trad Halpérine.djvu/96

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théorie cet amour est idéal, éthéré, en pratique c’est quelque chose de misérable et de malpropre dont on ne peut parler sans dégoût et sans honte. Et ce n’est pas pour rien que la nature l’a fait ainsi. Quels que soient la honte et le dégoût qu’il fasse naître en nous, nous sommes bien obligés de le prendre tel qu’il est, et nous cherchons à bien nous mettre en tête que cette malpropreté et cette horreur sont une beauté sublime.

Appelons les choses par leur nom. Quels furent les premiers signes de mon amour ? Mon abandon complet à mes instincts, sans honte, avec fierté même, sans songer à ce qui pouvait se passer dans l’esprit de ma femme…

Sa vie physique et sa vie morale, je n’y pensais pas. Je ne comprenais pas d’où venaient nos froideurs et pourtant il eût été