Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/109

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latifs, de prendre les armes pour lui, de servir sous ses drapeaux et en cas de besoin de mener ses troupes au combat. Il convient de répondre à cela qu’à l’occasion nous prêtons notre assistance aux souverains ; mais une assistance, pour ainsi dire divine, parce que nous sommes revêtus d’une armure divine. Nous obéissons ainsi à la voix de l’Apôtre ». — « Je vous conjure avant tout, dit-il, de prier, d’implorer et de rendre grâce pour tous les hommes, pour les souverains et les dignitaires ». Ainsi, plus un homme est pieux, plus il est utile aux souverains, et son utilité est plus efficace que l’utilité d’un soldat qui, s’étant enrôlé sous ses drapeaux, tue autant d’ennemis qu’il le peut. Outre cela, nous pouvons répondre aux gens qui, ne connaissant pas notre religion, exigent de nous que nous exterminions des hommes : vos sacrificateurs ne souillent pas non plus leurs mains pour que votre Dieu agrée leurs sacrifices. De même pour nous. »

Et, à la fin du chapitre, en expliquant que les chrétiens rendent de plus grands services que les soldats par leur vie paisible, Origène dit : « Ainsi nous luttons mieux que qui que ce soit pour le salut de l’Empereur. Il est vrai que nous ne servons pas sous ses drapeaux, — et nous ne servirons pas, quand même il nous y forcerait. »

C’est ainsi qu’envisageaient la guerre les chrétiens des premiers siècles, et tel était le langage que leurs maîtres adressaient aux puissants du monde, à une époque où les martyrs périssaient par centaines et par milliers pour avoir confessé la religion de Jésus-Christ.

Et maintenant la question de savoir s’il peut ou non