Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/151

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Quant à sa résurrection personnelle, quelque étrange que cela paraisse à ceux qui n’ont pas approfondi eux-mêmes l’Évangile, Jésus n’en parle jamais nulle part.

Si, comme l’enseignent les théologiens, la base de la foi chrétienne est la résurrection de Jésus-Christ, il semblerait que le moins qu’on ait pu désirer, c’est que Jésus, sachant qu’Il ressusciterait et qu’en cela consisterait le dogme principal de la foi en Lui, en ait parlé au moins une fois en termes clairs et précis. Eh bien, non seulement Il ne l’a pas dit en termes clairs et précis, mais il n’en a pas du tout parlé, — pas une fois, pas une seule, d’après nos Évangiles canoniques.

La doctrine de Jésus consiste à élever le fils de l’homme, c’est-à-dire à lui permettre de se reconnaître fils de Dieu. Dans sa propre individualité, Jésus personnifie l’homme qui a reconnu sa filialité envers Dieu. Selon Matth., xvi, 13-20, Il demande à ses disciples ce que disent les hommes de lui — fils de l’homme ? Ses disciples répondent qu’ils le prennent pour saint Jean miraculeusement ressuscité ou pour un prophète ; d’autres, pour Élie descendu du Ciel. Et vous, pour qui me prenez-vous ? demande-t-il. Et Pierre, qui a compris Jésus comme il se comprenait lui-même, répond : Tu es le Messie, fils du Dieu vivant. Et Jésus dit : Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais notre Père qui est aux Cieux, c’est-à-dire : tu as compris cela, non pas parce que tu as ajouté foi aux explications humaines, mais parce que, te sentant fils de Dieu, tu m’as compris. Et après avoir expliqué à Pierre que la vraie foi est basée sur le sentiment de filialité envers Dieu, Jésus dit aux autres disciples de ne pas divulguer d’avance que lui Jésus est le Messie. Et après cela,