Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jésus ajoute : que quoiqu’on dût le tourmenter et le mettre à mort, lui, c’est-à-dire sa doctrine serait rétablie et triomphante de tout. Et ces mots-là sont interprétés comme la prophétie de sa résurrection.

Jean, ii, 19-22 ; Matth., xii, 40 ; Luc, xi, 30 ; Matth. xvi, 21 ; Marc, viii, 31 ; Luc, ix, 22 ; Matth, xvii, 23 ; Marc, ix, 31 ; Matth., xx, 19 ; Marc, x, 34 ; Luc, xviii, 33 ; Matth., xxvi, 32 ; Marc, xiv, 25.

Voilà les quatorze passages que l’on interprète comme prophéties de Jésus sur sa résurrection. Dans trois de ces passages, il est question du séjour de Jonas dans le ventre de la baleine ; dans un autre, du rétablissement du temple. Dans les dix autres se trouve l’idée que le fils de l’homme ne peut pas être anéanti ; mais il n’y a pas un mot sur la résurrection de Jésus.

Dans tous ces passages, le mot résurrection ne se trouve même pas dans l’original. Demandez de les traduire à des gens qui ignorent les commentaires théologiques, mais qui connaissent le grec, et jamais personne ne les traduira comme ils sont traduits. Dans l’original, nous rencontrons deux mots différents auxquels on donne la signification de ressusciter : ἀνιστῆμι et ἐγειρῶ : l’un de ces mots veut dire « rétablir, » l’autre « éveiller, se lever, s’éveiller. » Mais ni l’un ni l’autre ne peuvent jamais, dans aucun cas, signifier « ressusciter.» Pour se convaincre que ni les mots grecs ni le mot hébreu « koum », qui leur correspond, ne peuvent signifier ressusciter, il suffit de confronter les passages de l’Évangile où ces mots sont employés, et ils le sont très fréquemment, et on verra que, pas une seule fois, ils ne sont traduits par le mot « ressusciter. » Le mot « voskresnovit » « auferstehn » « ressusciter » n’existe