Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/218

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ché de tuer les criminels et de tuer des ennemis à la guerre. Je ne pouvais pas croire que cela fût imprimé, et je demandai à voir le livre. C’était un volume intitulé : Livre de prières raisonné (Folkovay Molitrennik), troisième édition (huitième dizaine de mille), Moscou, 1879. On lit dans ce livre, page 163 :

« Quel est le sixième commandement de Dieu ? — Tu ne tueras pas. »

Ne tue pas, tu ne tueras pas.

Qu’est-ce que Dieu défend par ce commandement ? « Il défend de tuer, c’est-à-dire d’ôter la vie d’un homme. Est-ce un péché de punir de mort, d’après la loi, un criminel et de tuer l’ennemi à la guerre ?

« Non ; ce n’est pas un péché. On ôte la vie à un criminel pour mettre fin à tout le mal qu’il fait ; on tue l’ennemi à la guerre, parce qu’à la guerre on se bat pour son souverain et sa patrie. » Voilà comment on explique pourquoi la loi de Dieu est abrogée. Je n’en croyais pas mes yeux.

On me demanda mon avis au sujet du différend. Je dis à celui qui soutenait la vérité de ce qui était imprimé que cette explication n’était pas correcte.

« Pourquoi donc imprime-t-on des explications incorrectes contre la loi ? » me demanda-t-il. Je ne trouvai rien à lui répondre. Je gardai le volume et le parcourus en entier. Ce livre contient : 1o trente et une prières avec instructions sur les génuflexions et la manière de joindre les doigts ; 2o explication du Credo ; 3o citation du cinquième chapitre de Matthieu sans aucune explication, — appelé on ne sait pourquoi : « Commandement pour entrer en possession des béatitudes ; » 4o les dix commandements accompagnés de commentaires qui en