Page:Tolstoï - Ma religion.djvu/219

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abrogent la plupart ; 5o des cantiques pour chaque fête.

Comme je l’ai dit, non seulement je tâchais d’éviter de blâmer la religion de l’Église, mais je tâchais de la voir sous son meilleur jour et je ne recherchais pas ses côtés faibles ; c’est pourquoi, connaissant à fond sa littérature académique, je n’avais pas du tout approfondi sa littérature populaire. Ce livre de prières, répandu à une si énorme quantité d’exemplaires et qui éveillait des doutes chez les gens les plus simples, me fit réfléchir.

Je ne pouvais croire que le contenu de cet ouvrage purement païen, sans aucun rapport avec le christianisme, fût une doctrine sciemment propagée dans le peuple par l’Église. Pour vérifier cela, j’achetai tous les livres édités par le synode ou avec sa « bénédiction » (blagoslovenie), qui contiennent les brefs exposés de la religion de l’Église pour les enfants et le peuple, et je les lus.

Leur contenu était presque nouveau pour moi. À l’époque où l’on m’enseignait la religion, ils n’avaient pas encore paru. Autant que je puis m’en souvenir, les commandements sur les béatitudes n’existaient pas plus que la doctrine qui enseigne que ce n’est pas un péché de tuer. Dans tous les anciens catéchismes de Platon, cela ne se trouve pas. Cela ne se rencontre pas non plus dans celui de Pierre Maguila, ni dans celui de Beliokof, ni dans les catéchismes catholiques abrégés. Cette innovation a été introduite par le métropolitain Philarète, qui a rédigé également un catéchisme pour la classe militaire. Le « Livre de prières raisonné » a été composé d’après ce catéchisme. L’ouvrage qui a servi de base est le Catéchisme chrétien de l’Église orthodoxe à