Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/169

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3. Nous sommes étonnés de voir combien ce que nous appelons maintenant le christianisme est loin de ce que prêchait Jésus, et combien notre vie est loin du christianisme. Et, cependant, cela pouvait-il être autrement lorsqu’il s’agissait d’une doctrine qui, au milieu des gens qui croyaient que Dieu a divisé les hommes en maîtres et esclaves, en fidèles et infidèles, en riches et pauvres, apprenait aux gens la vraie égalité, disant que tous les hommes était fils de Dieu, que tous sont frères, que la vie de tous étaient également sacrée. Les gens qui embrassèrent la doctrine du Christ ne pouvaient choisir qu’entre ces deux alternatives : modifier toute l’ancienne organisation sociale, ou dénaturer la doctrine. Ils ont choisi la dernière.

III. — Tous les hommes sont frères.

1. Il est stupide de voir un homme se croire meilleur que tous les autres, mais c’est plus stupide encore de voir tout un peuple s’estimer meilleur que les autres peuples. Et chaque peuple, la plus grande partie de chaque peuple, vit dans cette affreuse, sotte et mauvaise superstition.

2. On comprend qu’un Juif, un Grec, un Romain non seulement ait maintenu l’indépendance de son peuple par le meurtre, mais encore ait cherché à soumettre les autres peuples par les mêmes procédés ; il croyait que son peuple était le vrai peuple bon, charitable et aimé de Dieu, et