Page:Tolstoi - La Pensée de l’humanité.djvu/170

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que tous les autres étaient des Philistins, des barbares. Les hommes du Moyen Âge pouvaient également le croire ; on pouvait le croire naguère encore, à la fin du siècle dernier. Mais, à notre époque, nous ne pouvons plus le croire.

3. L’homme qui comprend le sens et la signification de la vie est forcé de sentir son égalité et sa fraternité avec tous les hommes non seulement de son peuple, mais de tous les peuples.

4. Chaque homme, avant d’être autrichien, serbe, turc, chinois, est un homme, c’est-à-dire un être raisonnable et aimant dont l’unique mission est de remplir sa destinée pendant le court laps de temps qu’il doit vivre en ce monde. Cette mission est d’aimer tous les hommes.

5. Un enfant accueille un autre, indépendamment de la classe de la religion ou de la nationalité à laquelle il appartient, d’un sourire bienveillant qui exprime la joie. L’homme adulte qui devrait être plus raisonnable que l’enfant, se demande, avant d’entrer en relations avec un autre, quelle est sa classe, sa religion, sa nationalité et le traite de façon ou d’autre, suivant sa classe, sa nationalité. Le Christ disait bien : soyez comme les enfants.

6. Le Christ a appris aux hommes que la distinction entre leur peuple et les peuples étrangers était une supercherie et un mal. Ayant compris cela, le chrétien ne peut plus concevoir un sentiment d’inimitié pour d’autres peuples ;