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dit-on, valent mieux que l’endroit même, et nous qui venons de quitter Bex et Duing nous en sommes tout convaincus, mais cela revient à dire que Lavey est un charmant séjour, à la condition que l’on se tienne ailleurs. Quoi qu’il en soit, la petite rue que forment les bâtiments des bains s’ouvre par une salle de bal, et se termine par une chapelle méthodiste, deux édifices qui ailleurs s’excluent ; mais c’est le propre des établissements de bains que de réunir les diaphanes et les obèses, les sanguins et les lymphatiques, les timorés boiteux et les viveurs ingambes.

Outre des agréables qui stationnent et des vicomtes qui fument, nous rencontrons à Lavey une personne de connaissance. C’est ce monsieur alsacien qui joue du flageolet, et avec lequel nous passâmes, il y a douze mois, une si agréable journée au Grimsel. Après échange d’amical ressouvenir, nous le laissons à sa cure, et, poursuivant notre chemin à l’ombre de menaçantes nuées, nous voici tout à l’heure à Pisse-Vache. Il faut que ce soit fête aujourd’hui dans le pays, car nous croisons des charretées de gaies villageoises et des endimanchés par douzaines. Le Valaisan endimanché est drôle à voir : chapeau tantôt rond, tantôt à cornes, tantôt galonné, toujours de l’autre monde, chemise rigide, souliers conformes et un beau parapluie rouge. Ainsi vêtu, il chemine, grave et cambré, tout calme de simplicité, et tout aise de bonhomie.

Halte à Pisse-Vache, où ce n’est pas un hôtel qui se bâtissait l’an dernier, comme nous l’avions cru et imprimé, mais bien une scierie, symbole