Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/150

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mélèze ; en voici un autre qui survient avec une corde ; Jean Payod dresse des culées, et tout vient à point moyennant salaire. Bientôt nous avons rejoint la route, et au travers d’une haie d’incendiés qui mendient, de filles et de garçons qui offrent à vendre ici du lait, là des cristaux, nous atteignons le joli village des Ouches.

Des Ouches, on peut se rendre à Saint-Gervais par le Prarion, que nous connaissons déjà ; par la vallée de Servoz, en passant par Chède, dont le lac jadis si éclatant de beauté est aujourd’hui comblé de vase et de graviers ; par la Forclaz enfin : c’est un col qui s’ouvre à la droite du Prarion, sur le prolongement de la même montagne. Il est une heure après midi, et la chaleur est étouffante ; aussi l’idée de quitter la plaine pour gravir à l’ombre des bois jusque sur une sommité ouverte nous séduit-elle irrésistiblement. Par malheur, quatre de nos compagnons ont poussé en avant, y compris Ernest la Virgule, et il n’y a pas plus de prudence que de loyauté à les abandonner à leur sort en leur laissant ignorer le nôtre. Burgess s’offre alors à les poursuivre, à les atteindre, à les ramener sur nos traces s’ils sont peu éloignés encore, ou à prendre avec eux par en bas, en se chargeant de la tutelle d’Ernest, si, ayant déjà franchi le pont Pélissier quand il les rattrapera, ils ne doivent plus songer à nous rejoindre. L’offre de Burgess est acceptée, et nous voici gravissant à travers