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les nuances de ces variations. Nous donnons le croquis de l’un de ces lacs. Du reste, sur le point d’y arriver, et lorsque près de s’engager dans les anfractuosités du col on jette un regard en arrière de soi, l’on jouit alors, au delà et par-dessus le col du Ferret, d’une vue splendide. C’est le mont Blanc, le Géant, le Jorasse, toute une armée d’éclatants satellites qui, des hauteurs de l’espace, semblent à la fois dominer la terre et braver les cieux

Cet aspect est particulier, peu commun. Rien n’est plus différent, en effet, quant à l’impression qu’on en reçoit, que cette vue de la haute chaîne observée du col de Balme, par exemple, ou de toute autre sommité d’où le regard peut en suivre le majestueux profil, des glaces jusqu’aux forêts, du faîte jusqu’aux champs parsemés d’habitations, et cette même vue observée par-dessus des entassements de cimes prochaines qui en masquent les flancs boisés et la base verdoyante. C’est alors le monde merveilleux isolé du monde ordinaire, et l’on dirait, flottante dans les plages de l’air, une cité de dômes étincelants, de minarets empourprés, ou encore un de ces déserts tels que l’imagination seule peut se les créer, où au sein de l’éternelle stérilité, et comme sous la malédiction du Très-Haut, de somptueuses ruines ici se dressent en pans colossaux, en frustes