Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/241

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fête de baptême, qui, devenus sans usage désormais, sortiront prochainement et sans retour de ces retraites pour aller sur la devanture d’un marchand de bric-à-brac tenter la fantaisie de quelque amateur moyen âge par ton et antiquaire par vanité.

Ceci vu, nous nous dirigeons, sous la conduite d’un barbier de place, vers le château de Valére. Ce sont ces pittoresques masures qui couronnent la montagne de Sion. Pour y parvenir, l’on passe devant l’église des jésuites et devant quelque autre chose encore des jésuites aussi, où se trouve un musée que nous visitons en passant. Ce musée, peu riche d’ailleurs, en est demeuré pour la botanique à Linnée, pour la physique à Haüy, pour la zoologie à Buffon ; et les bustes de ces trois grands hommes y président à quelques quadrupèdes bourrés de paille, à des grenouilles en bouteille et à des brimborions étiquetés qui, effectivement, donnent de l’air à des minéraux. En outre, l’on y voit aux angles, dans de grandes armoires vitrées, des fables de la Fontaine, qui n’ont ni toute la poésie du texte original ni tout l’esprit de la traduction de Grandville. C’est, par exemple, maître corbeau empaillé qui tient en son bec un fromage de bois blanc, pendant que maître renard, empaillé aussi, ne lui tient point de langage du tout. Notre barbier de place exprime par un rire pâteux et par un grognement indistinct que ce spectacle le ravit d’aise jusques au fin fond de ses