Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/260

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bouc cuit, et opte immédiatement pour le petit salé. Voilà un premier point réglé. On le promène ensuite de tonneau en baril, afin qu’il choisisse pareillement entre du rouge d’Ardon et du muscat de Sierre. Jaloux alors de reconnaître tant de courtoisie par quelque flatteuse politesse, M. Töpffer déguste avec recueillement, examine avec solennité, puis il déclare positivement qu’entre des vins aussi égaux d’excellence il lui est impossible de faire un choix, en telle sorte que, si la permission lui en est donnée, il optera pour tous les deux à la fois. Cette réponse est accueillie par les anciens comme aussi remarquable en elle-même qu’honorable pour la commune, et le président Favre se fait, tant en son nom qu’au nom de ses collègues, l’organe respectueux de ces sentiments. Après quoi M. Töpffer est reconduit auprès de l’âtre.

Cependant, ces préludes accomplis, les événements se précipitent. Déjà la table est dressée, déjà le potage arrive, et le conseil tout entier s’est transporté dans l’angle de la salle où nous allons souper, pour surveiller les opérations, aviser aux moyens et parer aux éventualités. Prévenus alors par le président en personne que l’heure est venue, d’un saut nous voilà placés devant le banquet, tout ravis du spectacle, tout régalés d’ap-