Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/314

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fraîcheurs, des métalliques reflets dont ce pic est tout entier paré dans sa hauteur et dans son pourtour ! Noyée dans la lumière, sa cime sans ombre reluit doucement au plus lointain des profondeurs éthérées ; ses épaules tourmentées, ses flancs sillonnés, se dessinent en muscles nerveux ; puis, semblable à une blanche robe, qui, simple de plis et somptueuse de broderies, tombe noblement de la ceinture pour flotter avec grâce sur les carreaux des parvis, à mi-hauteur du géant la glace voile, recouvre, tombe en ondes majestueuses, qui refoulent leurs derniers replis sur les carreaux d’une morne allée de rochers chauves et brisés. Sous l’impression de ces magnifiques choses, des accents s’élèvent de l’âme que le langage ne sait pas dire, et certaines expressions des prophètes dont la superbe ampleur et l’étrange sublimité nous surprennent plus encore qu’elles ne nous émeuvent lorsque nous lisons les Écritures dans le recueillement de la retraite, se présentent alors à l’esprit et errent seules sur les lèvres.

Assis sur l’herbe sauvage de cette sommité, aux charmes si vrais de la contemplation nous mêlons les agréments pas du tout mensongers de la bonne chère, et c’est sans perdre un coup de dent que nous éprouvons ces poétiques ravissements. Par malheur, l’eau manque partout à la ronde, et le plaisir que nous goûtons à engloutir des quartiers de jambon s’en trouve diminué d’autant. C’est pourquoi, dans la prévision qu’il faudra