Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/362

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sur la place du village, il y trouve l’hôte du lieu qui argumente, les, séductions qui ont commencé, l’amour de la gloire, l’austérité, le courage et toutes les vertus antiques qui ont fait défaut devant la molle envie de goûter aux douceurs promises de ce petit Chanaan. Sans s’asseoir, sans s’approcher trop, sans seulement paraître voir l’hôte, qui est pourtant son réel adversaire, M. Töpffer discute peu, mais il s’étonne beaucoup ; puis il poursuit sa route, l’armée le suit, et l’hôte est enfoncé. C’est toujours une grande faute, en effet, en pareille occurrence, que de laisser incliner son monde vers le mou, le paresseux, vers les douceurs de bouche ou de lit. Outre que le moral en reçoit une atteinte, le plaisir lui-même y perd ; car, même sous ce dernier rapport, mieux vaut dix fois arriver dans deux heures à Obergesteln échinés, affamés, pour y dévorer un médiocre souper et y dormir délicieusement dans de mauvais lits, que de chercher ces mêmes avantages à Munster dans les assaisonnements d’une cuisine meilleure et dans l’agrément tout négatif d’une fatigue qu’on s’épargne. Nous cheminons donc sur Obergesteln, et tout à l’heure la nuit est si obscure que nous tâtons le sentier de la plante, bien plutôt que nous ne le voyons des yeux ; et que, comme le petit Poucet et ses frères, sans une lumière