Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/395

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une bête rétive, et ce spectacle ne laisse pas que de nous détourner de l’autre.

L’heure venue, nous courons sur Neuhans pour y trouver le bateau à vapeur qui doit nous porter à Thoune. Autant en fait à nos côtés un bon monsieur, lorsqu’il lui arrive un abominable malheur… C’est un des ais de sa malle qui s’est détaché, et déjà chemises, cravates, brosses et peignes jonchent le chemin, que le manant qui la porte court encore, court toujours, sans se douter de rien. En toute hâte alors le bon monsieur relève, empoche, reperd, rattrape, sème, retient, et il fait là une de ces promenades qui, après avoir été en réalité un fléau, deviennent dans le souvenir un cauchemar. Que bien, que mal, toutefois, ce bon monsieur arrive à temps ; puis au milieu de l’affluence des passagers, au son d’une musique champêtre, sous l’haleine d’un vent pluvieux, il rajuste son ais et remballe ses nippes. Déjà voici l’Aar, voici Thoune, Bellevue, et la pluie ; vite nous louons un omnibus qui nous emporte à Berne.