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TROISIÈME JOURNÉE.


Grande vendange, ce matin. Ce sont corbeilles sur corbeilles qui nous arrivent de la part de nos amis et camarades Henri et Hippolyte, propriétaires dans ce canton. Gail s’en mêle, et si bien et si fort, qu’on commence à trouver qu’il va presque trop mieux. En effet, sous prétexte de se refaire, il décime, il ravage, il absorbe ; c’est un fléau dévastateur, une plaie d’Égypte, qui présage de grandes famines aux survivants.

De l’Hôpital, nous nous acheminons, par la rive gauche de l’Isère, sur Aiguebelle, où nous aurons rejoint la grande route du mont Cenis. On a établi là un chemin fort large, fort beau : il n’y manque plus que les ponts. Par malheur, en Savoie les ponts se font attendre longtemps, ceux qui ont brûlé comme ceux qui sont à construire ; et d’ordinaire deux, trois bacs ont le temps de pourrir de vétusté avant qu’on ait commencé d’y construire les culées d’un pont qui ne s’achèvera jamais. C’est pour cela justement que la Savoie est un beau pays, primitif, pittoresque, tranquille et bon enfant.

Pourtant, près d’Aiguebelle, nous repassons l’Isère sur un pont qui est