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QUATRIÈME JOURNÉE.


Ce matin tout le monde se lève tard, sans qu’on sache bien ni comment ni pourquoi, si ce n’est qu’on nous a réveillés au petit jour, et que nous ne nous en sommes pas aperçus. Mais l’hôtesse a mis à profit ces lenteurs pour préparer un déjeuner d’autant plus splendide ; après quoi, faisant venir nos cochers, elle leur rembourse les droits de poste, et leur verse à boire, à cause, dit-elle, du froid matinal qui souvent enrhume les cochers. « Ah ! disent à leur tour ces camarades, voyager comme cela, ce serait plaisir ! » Et sur ce, tous ensemble nous prenons congé à notre grand regret de cette hôtesse incomparable.

L’air est frais, en effet, le ciel sans nuages, et la route charmante. À propos de Gail, qui germanise son français, M. de Saint-G*** se met à chercher la formule au moyen de laquelle, un homme étant donné, on pourra toujours s’assurer s’il est Allemand ou s’il ne l’est pas. Puis, s’adressant à Gail : « Comment diriez-vous ceci, Gail : J’ai le projet de manger un brochet ? — Comme vous, répond Gail : J’ai le brochet de manger un projet. » Et la formule est trouvée.