Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/430

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour un rien, farceurs à tous venants, ils descendent la vie sans comprendre l’affliction, et arrivent à la mort sans l’avoir pressentie. Beau lot, ma loi, et qui, à coup sûr, n’est pas le vôtre, mon frère.

Notre hôtesse, ici, est une bonne vieille dame qui se fait un scrupule de nous bien régaler, un scrupule surtout de bien ménager nos finances. « De père en fils et de mère en fille, dit-elle, nous tenons cette auberge ; jugez si on irait vous surfaire ! seulement, donnez-nous le temps, et vous serez bien servis. Prendrez-vous du poulet ? — Oui, oui ! — Voulez-vous du dessert ? — Oui, oui ! — Oui, » répète encore Gail pour plus de sûreté.

Nous donnons le temps, et cette excellente femme tient toutes ses promesses. Poisson, lièvre, poulets arrivent à la file, et nous voilà si activement occupés que des chiens se battent sous notre table, s’entre-mordent parmi nos mollets, sans que nous y donnions la moindre attention. Ces chiens, au nombre de quatre, sont les commensaux d’un particulier de l’endroit, qui, assis à une table voisine, se délivre de leurs obsessions en leur lançant ses os de notre côté.