Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/449

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qui intervient pour avertir que M. l’administrateur en chef est sourd comme une borne. C’est singulier alors qu’il veuille toujours qu’on lui parle.

De Suze nous partons pour Saint-Antonin. Encore des curés ! Voici une kyrielle de cabriolets qui en portent chacun deux. C’est parbleu le cas de se montrer, aussi M. Töpffer salue à droite, salue à gauche, de côté, en travers, profitant de l’occasion pour se faire auprès de la cour de Rome une bonne note indestructible et héréditaire. Du reste, aux curés près, tout diffère dès ici de ce que nous avons vu de l’autre côté des Alpes : pays, habitants, culture, sans compter des ligues partout et des raisins pour rien ; aussi la vendange est permanente. À Saint-Antonin, comme la nuit n’est pas encore là, on décide de pousser de saint en saint jusqu’à Saint-Ambroise, et notre cocher, cette fois, est obligé de se régler sur nos étapes. Le pauvre homme est tout contrit de ce que, dans ce monstre de pays, dit-il, à tout bout de champ on lui réclame des droits de poste… « Que rapporterai-je à mon maître, s’ils me volent tout du long ! Au premier qui se présente, flac ! du fouet dans la figure, et puis grand galop !… » Le bon cocher oublie tout à fait que ses chevaux, qui n’ont pas galopé depuis vingt ans, ne savent plus du tout comment l’on s’y prend.