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VINGT-CINQUIÈME JOURNÉE


Mais ce n’est pas pour longtemps. Dès avant l’aube, une basse-taille rauque, caverneuse, funéraire, se met à pousser un quiqueriqui profondément apocalyptique… Ohé ! un s’éveille, puis deux, puis trois, puis de chambrée à chambrée on s’appelle, on s’avertit, et à chaque retour harmonique de ce chant phénoménal, ce sont de grands éclats de rire. « Ce coq-là ? nous dit l’hôte, il a fait la retraite de Russie, et voilà pourquoi. Son père avait le timbre encore plus bas. » Pour le coup, nous regrettons tous de ne l’avoir pas connu.

Vers six heures, nous déjeunons à Gap. L’endroit est riant, le pays est vert et boisé. Gap a été la paroisse de Réguis, ce digne curé dont les prônes, imprimés depuis sa mort, figurent aujourd’hui parmi les plus beaux modèles d’éloquence religieuse. Moins pompeux que Bossuet, Réguis en a la robuste vigueur et l’ample abondance, et bien peu de