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pénètre dans le désert. Après nous y être rafraîchis, nous poursuivons notre route.

Les abords de la montagne sont frais, boisés, délicieux ; ils vaudraient la peine d’être visités pour eux-mêmes, si un peu plus loin le spectacle ne devenait ravissant de verdure, de solitude, de sauvage majesté. À Fourvoirie, première entrée du désert, la vallée se resserre tout à coup en gorge étroite, et par l’ouverture que laissent entre elles des parois de rochers couronnés de bois et festonnés de lianes et d’arbustes l’œil entrevoit au delà comme un tranquille Élysée où croissent épars sur des pelouses naturelles les plus beaux arbres du monde. L’on approche, l’on s’engage dans le défilé, où la lumière est sourde, mystérieuse, comme si l’on se trouvait errer sous les arceaux d’une nef gothique, et au-dessous de soi l’on voit un torrent courroucé, le Guiermort, qui, après s’être follement brisé contre les antiques culées de deux ponts moussus, s’en va faire tourner plus loin les roues de quelques usines ensevelies sous des noyers séculaires.

Fourvoirie est la première entrée du désert, c’est-à-dire de cette enceinte