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que sa faute avait fait perdre la raison. Elle arrive avec son fils dans une ville, qu’elle aimait tant (son fils). Elle y voit une noce d’une amie qui lui rappelle sa faute. — Arthur se trouvant en même lieu a le cœur percé aux tendres paroles de Cécile.

Enfin le dernier tableau, où M. Fitz Henry le père, engraissé par le malheur, sous un arbre vert, en habit ponceau à boutons d’argent, pardonne du bras gauche à Cécile, peignée, et à Arthur en frac. Il est évident que l’action finit là, et l’artiste l’a parfaitement compris.

Sur ce, nous chargeons nos havre-sacs, et nous partons pour Grenoble. Jusqu’à Voreppe, qui est un poudreux repaire de mules à grelots et de charretiers en blouse, le pays est agréable : toutefois, au sortir des magnifiques ombrages du désert, il nous paraît nu et grillé. Après Voreppe, on côtoie l’Isère. À mesure qu’en approchant de Grenoble nous rencontrons plus de paysans, à mesure aussi nous devenons un objet de curiosité extrême et de conjectures sans nombre. Jésuites, disent les uns ; Saint-simoniens, disent les autres ; ou encore, Conscrits, comédiens, compagnons ; et pas un qui imagine de voir en nous de simples écoliers en vacances. Au travers de ce feu de file d’hypothèses, nous faisons notre entrée dans la ville d’abord, puis dans l’auberge, où l’hôte est là, en bonnet de coton, qui prépare des têtes de veaux, pétrit des quenelles, gouverne des fritures, et préside à une infinité de sauces, dont le fumet nous ravit au passage. C’est ici chez Gamache, pensons-nous, et, comme Sancho, nous éprouvons les plus enchanteresses sensations.

Quand on voyage à notre façon, c’est-à-dire selon une méthode qui