Page:Topffer - Nouveaux voyages en zigzag Grande Chartreuse, 1854.djvu/85

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Tout au moins ici on nous offre de nous peser, et c’est le chef des douaniers qui fait lui-même l’opération avec la plus joviale complaisance.

Des Marches, l’on peut gagner à pied Montmélian par un chemin de traverse qui abrège de beaucoup sur la grande route ; aussi y arrivons-nous de bonne heure. Comme M. Töpffer est à se promener en attendant le souper, arrive le commandant de la place, qui l’aborde poliment. « Monsieur, dit-il, fait un voyage de plaisir ? — Oui, monsieur. — Avec ses élèves ? — Oui, monsieur. — Si monsieur a besoin de quoi que ce soit, il n’a qu’à s’adresser à l’autorité militaire. » M. Töpffer serait presque tenté de demander à l’autorité militaire un remède contre la coqueluche. Le commandant poursuit : « Monsieur vient de Genève ? — Oui, monsieur. — Et y retourne ? — Oui, monsieur. — Veuillez vous charger de cette petite boîte pour M. G. ; et encore une fois, monsieur, veuillez disposer de l’autorité militaire. » D’où il est clair que M. Töpffer a disposé pendant toute une nuit de l’autorité militaire de Montmélian, et que s’il n’a pas fait de grandes choses, c’est que, comme tant d’autres capitaines fameux, il a boudé sa destinée et manqué à sa fortune.