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ont pas trace, en se donnant pour les sauver des peines infinies, excitent l’hilarité des assistants. Tout vient à point, et nous montons en voiture. L’une de ces voitures est une sorte de coffre traîné par trois rosses efflanquées et conduites par un ivrogne à la fois bonapartiste et saint-simonien ; l’autre est un soufflet percé, posé sur une échelle vermoulue ; elle est traînée par un vieillard chevalin et conduite par un quidam sans voix. Il en résulte que notre corbeille à coqueluche est devenue par comparaison un équipage de luxe, conduit par un amateur en livrée et qu’emportent sur la chaussée royale deux juments de prix. Ainsi voiturés, nous parcourons la vallée du Graisivaudan, célèbre à juste titre par ses aspects riants et ses beautés pittoresques ; Baromètre nous favorise, et les cigales chantent tout l’été.

Près du fort Barraux, la route est bordée de conscrits en petite tenue, qui dandinent le long du fossé en battant la haie du bout de leur gaule, une façon comme une autre d’employer des loisirs de garnison. Plus loin, à Chapareillan, bourreau français, puis, aux Marches, bourreau sarde.