Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/224

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m’y encouragent. Pour le reste, c’est à mes parents de répondre… je les préviendrai, si vous le désirez, de votre venue…

— S’il vous plaît, ma chère enfant : demain à dix heures… J’aime à trouver autant de sagesse et de vertu dans un si jeune âge… et je n’en conçois qu’un plus vif désir de voir mon neveu agréé à ces conditions, qui, certes, ne lui paraîtront pas dures… Un grand honneur, ma chère enfant… un bien grand honneur que d’entrer dans une famille où se pratiquent tant de vertus… et dès l’âge tendre… Son cœur entier, tout entier… (j’aurais pu lui conter l’histoire de ta juive) et un honnête cœur, je vous le garantis, mon enfant… qui comprendrait quel dépôt lui serait confié, à quelles conditions s’obtient le bonheur, et comment il ne peut résulter que de l’affection commune, de la fidélité commune, du commun concours à tous les devoirs qui naissent de l’état de famille… Et ici, mon bon oncle contrefaisant avec gaieté la formule de la liturgie du mariage : — N’est-ce pas, Jules, ce que vous promettez ?

— Oui, oui, m’écriai-je, et devant Dieu, devant vous ! mon oncle bien-aimé… devant vous !… Et je l’accablai de nouvelles caresses, pendant que la vieille s’essuyait les yeux. Lui seul, heureux du plaisir qu’il faisait, mais serein comme toujours, conservait son calme, mêlant à mes larmes de joie des propos gais et affectueux.




— Te voilà donc marié ? continua mon oncle.

— Plût à Dieu ! bon oncle. Et n’avez-vous plus rien dit ?