Page:Topffer - Nouvelles genevoises.djvu/54

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la compassion la plus naturelle ! Ô Jésus ! comment regarderions-nous à toi ! que te pourrions-nous dire ? Où est cette charité à laquelle tu promis tout, sans laquelle on ne te connaît point ? Tu avais commis à cette paroisse le soin d’un de ces petits que ta bonté signale à la protection de ceux qui t’aiment ; et il n’a pu y trouver une mère, un ami, une famille ! et il faut qu’il aille, déjà flétri, découragé, chercher auprès d’hommes inconnus ce qui lui fut ici refusé ! Le trouvera-t-il du moins ? Hélas ! vous qui n’êtes que de pauvres gens des campagnes, vous qui aviez vu son enfance, vous qui connaissiez, qui aimiez cet infortuné… vous l’avez rejeté… Jugez donc vous-mêmes de ce qui peut l’attendre au sein des villes, au milieu des distinctions sociales, auprès d’étrangers qui, ne connaissant pas comme vous ses vertus, sauront trop tôt quelle fut sa naissance ! À toi, mon Dieu ! à toi seul à le prendre sous ta garde. Pour nous, nous le pouvions, mais nous ne l’avons pas fait…

« Charité, humilité ! vertus si belles ! êtes-vous donc trop pures pour cette terre ! Êtes-vous remontées avec mon Sauveur au céleste séjour ? Autrefois, j’ai vu parmi la foule des cités quelques hommes vous vouer un culte sublime… Néanmoins, à de si rares exemples, mes yeux attristés se portaient avec espoir vers les campagnes, et je croyais que ces paisibles champs dussent être votre asile… Amers mécomptes ! Là aussi vous êtes méconnues, oubliées ; là aussi le paysan, le laboureur, le journalier, si près qu’ils soient de la poudre d’où ils furent tirés, mettent à haut prix leur naissance, et méprisent l’enfant pour le crime de ses pères !…

« Qu’il aille donc dans une autre paroisse, l’enfant