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Le cours de la rivière devait être alors plus rapide qu’il ne l’est aujourd’hui ; car à ces sables se trouve mêlé peu de terre, et il n’existait alors aucun barrage entre son embouchure et son cours supérieur, qui put la retenir au fur et à mesure qu’elle était entraînée et déposée, soit par les ruisseaux, soit par les divers cours d’eau plus considérables, qui venaient s’y jeter de chaque versant des collines qui bornaient ce fleuve indubitablement beaucoup plus large à cette époque. Il devait donc occuper une notable partie de la vallée dans laquelle il coule. Car les prairies qui, depuis Pont-Réan jusqu’à Rennes, et depuis cette ville jusque beaucoup au-dessus, en ont graduellement rétréci le lit, ont dû se former d’alluvions successives, se faisant d’abord d’une manière en quelque sorte séculaire, et, plus tard, avec bien moins de lenteur, lorsque les diverses écluses établies au xve siècle en eurent favorisé les dépôts[1]. On peut, en effet, suivre pour ainsi dire les diverses phases du comblement graduel du lit de la rivière par ces derniers, en examinant, avec soin les couches formées depuis l’occupation romaine jusqu’à l’époque actuelle. Ainsi, déjà durant la première, les sables se déposèrent dans une épaisseur de plusieurs pieds, comme l’a démontré la limite dans laquelle on a rencontré les pièces de monnaies, une ligne brunâtre plus foncée, colorée par l’oxide de fer, semblant avoir été, durant ce temps, le dernier dépôt d’exhaussement du fond du fleuve, puisqu’au dessus on n’en trouve plus de semblable[2].

  1. On sait que la vallée de la Vilaine est pratiquée dans le terrain de transition qui s’étend vers le Nord jusqu’aux environs de Fougères, et par quelques issues atteint presque le littoral, que ce dernier est formé de schistes, de quarzites, d’une grauwake terreuse, grise ou verdâtre, et de phyllades tendres et fissiles, et qu’il est stratifié dans une direction O. N. O., les couches plongeant au Nord.
    J’ajouterai que la Vilaine qui prend sa source à l’est du département, sur la limite de celui de la Mayenne, parcourt le premier dans une large vallée, en se dirigeant vers l’Ouest pour atteindre Rennes ; que là, elle change de direction, se porte vers le Sud pour se frayer une issue, au-dessous de Pont-Réan, entre des collines schisteuses assez élevées, au-delà desquelles mon sujet n’exige pas que je la suive.
  2. Ce sable, d’une dureté assez prononcée, était composé de grains de quarz, liés par un ciment argilo-quarieux, coloré pinson moins parle Ter hydraté, et son aspect rappelait en quelque sorte celui d’un poudingue grossier et friable.