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Dans une seconde période qui succéda à la précédente, il se déposa un sable plus fin, moins pierreux, encore peu chargé de terre, moins dur à attaquer avec le pic, et dont l’épaisseur peut être évaluée à 24 ou 30 décimètres. Il dût s’accumuler, depuis l’époque où les conquérans de la Gaule furent forcés de l’abandonner, jusqu’à celle le ralentissement du cours du fleuve, par suite de l’exhaussement progressif de son fond, permettait à plus de terre entraînée de s’y mêler, mais dénotait encore un cours assez rapide.

Dans une troisième période plus rapprochée, des couches argileuses épaisses (car elles avaient 2 mètres ou plus de puissance) commencèrent à se déposer au-dessus des sables précédens, d’abord peu abondamment, plus tard, beaucoup plus, par suite des écluses dont on barra la rivière pour la rendre navigable, en y retenant les eaux. C’est dans ces argiles bleuâtres, plastiques, très-denses, qu’on a rencontré des troncs d’arbres énormes, des graines assez bien conservées, et une multitude de pilotis sur lesquels furent assises les fondations de l’ancien couvent des Ursulines, bâti en 1615, et transformé plus tard en Gendarmerie ; et celles d’autres bâtimens soit antérieurs, soit de la même époque.

Enfin, une quatrième et dernière période, indiquée par une couche de terre noirâtre, plus ou moins boueuse, mêlée à une multitude de pierres de grosseurs variables, dans laquelle on a trouvé en grand nombre des monnaies et des objets du moyen-âge et de siècles plus rapprochés du nôtre dénota les derniers exhaussemens survenus.

On sait que les fleuves éprouvent, en général, deux sortes de modifications, l’une dans leur profondeur, l’autre dans leur largeur. Pour la première, les exemples offerts en grand par le Rhône, la Loire, le Danube, le Nil, disent assez comment s’effectue graduellement le comblement de leurs lits, et l’énumération des successions de dépôts, a laquelle je viens de me livrer pour la Vilaine, démontre que les choses ne se sont pas passées autrement pour cette rivière.

Quant à la diminution progressive de la largeur de cette dernière, et par conséquent au rétrécissement assez lent de son lit, il a dû s’effectuer par l’érosion continue de ses bords, laquelle donnait lieu à des éboulemens renouvelés qui comblaient peu à peu la portion dans laquelle ils avaient lieu, en même temps que les terres entraînées se déposaient sur