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blement entraînées par le courant ; car leur état fruste et leur diminution progressivement croissante, « mesure qu’on s’éloignait en descendant la rivière, prouvait qu’elles n’avaient pas été jetées primitivement dans cet endroit de celle-ci, quoiqu’il ait pu y avoir exception pour un petit nombre d’entr’elles. Si ce point, du fleuve n’avait pas été un lieu consacré, comment s’expliquerait-on cette variété si grande de monnaies, comprenant une période de plus de quatre siècles, rien que pour le Haut et le Bas-Empire, et en y ajoutant toutes celles de la République, une durée totale de plus de neuf à dix siècles ?

Il faut donc bien admettre qu’elles y avaient été jetées avec les autres objets trouvés, comme offrandes ou ex-voto. Ce fait a été démontré d’une manière évidente par H. Hamon, rédacteur du Journal le Progrès, dans un article de ce journal du 8 avril 1842[1], article où il résumait une opinion déjà développée par lui dans la Revue de Bretagne, en septembre 1838. Nous ne croyons pouvoir mieux faire que de reproduire ici la substance de ces dissertations.

« Cette opinion repose, dit H. Hainon, sur l’existence d’une vieille superstition qui a long-temps régné dans ce pays. La plupart des nations de l’antiquité, particulièrement les Gaulois, adoraient les élémens, et entre les élémens le feu et l’eau, comme les causes premières de tout ce qui existe. A leurs yeux, toute naissance supposait une fécondation et un enfantement, c’est-à-dire le concours de deux principes, actif et passif, fécondant et fécondé, en langage sacerdotal : mâle et femelle. La génération doit être dans toute la nature ce qu’elle est chez les hommes et chez les animaux. Or, dans ces deux règnes, la vie sort de l’union des deux sexes, la science moderne a même démontré l’identité du phénomène dans le règne végétal, ce que les anciens philosophes soupçonnaient seulement par analogie. Voilà par quelle suite d’inductions l’on fut conduit à représenter le principe créateur avec les attributs des deux sexes, sous des figures empruntées aux trois règnes ; la forme importait peu, le symbole restant toujours immuable. Les dieux mâles

  1. Il rendait compte dans cet article d’une Notice sur les antiquités trouvées dans le nouveau lit qu’on creusait à la Vilaine, dans la traverse de Rennes, que j’avais lue précédemment à la Société des Sciences et Arts, et que je lui avais communiquée.