Page:Tourgueniev - Pères et fils.djvu/143

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ner contenance, à appeler Fifi qui était rentré, et il se mit à lui caresser la tête en souriant avec bienveillance. Katia retourna à ses fleurs.

Quant à Bazarof il faisait remise sur remise. Madame Odintsof jouait à merveille, et Porphyre Platonitch était aussi d’une jolie force. Bazarof fut battu, et quoique la perte fût petite, elle ne laissa pas de lui être désagréable. Pendant le souper madame Odintsof remit la conversation sur la botanique.

— Allons-nous promener demain matin, lui dit-elle ; je vous prierai de me dire les noms latins des plantes des champs et leurs propriétés.

— Pourquoi voulez-vous connaître des noms latins ? demanda Bazarof.

— Il faut de l’ordre en toutes choses, lui répondit-elle.

— Quelle femme admirable que madame Odintsof ! s’écria Arcade quand il fut seul avec son ami dans la chambre qu’on leur avait donnée.

— Oui, répondit Bazarof, la commère ne manque pas de cervelle, et, elle doit savoir se retourner.

— Comment l’entends-tu ?

— Il n’y a pas deux manières de l’entendre, mon brave : je suis sûr qu’elle doit joliment administrer son bien. S’il y a quelqu’un d’admirable ici, c’est sa sœur.

— Comment ? cette petite noiraude ?

— Oui, cette petite noiraude ; voilà qui est frais, et intact, et craintif, et silencieux ; voilà qui mériterait