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disposé sur un tapis de Perse, avec des meubles en noyer recouverts d’une étoffe vert foncé, une bibliothèque renaissance en vieux chêne, des statuettes de bronze posées sur une magnifique table à écrire et une cheminée en marbre. Il se jeta sur son divan, mit ses mains sous sa tête et resta immobile, regardant le plafond d’un air presque désespéré. Que ce fût pour cacher dans l’obscurité l’expression qui se lisait sur sa figure ou pour tout autre motif, il se releva presque aussitôt, détacha les lourds rideaux qui pendaient aux fenêtres, et se jeta de nouveau sur le divan…


IX


Le même jour, Bazarof fit aussi la connaissance de Fénitchka. Il se promenait dans le jardin avec Arcade et lui expliquait pourquoi certains arbres et surtout certains jeunes chênes n’avaient point pris.

— Vous devriez planter ici plus de peupliers et de sapins, même des tilleuls si vous voulez, pourvu que vous apportiez du terreau. Voilà un bosquet qui a bien pris, ajouta-t-il, parce que l’acacia et le seringat sont bons diables ; ils ne demandent pas de soins. Tiens ! il y a quelqu’un dans le bosquet.

C’était Fénitchka qui s’y trouvait avec Douniacha et Mitia. Bazarof s’arrêta, et Arcade fit à Fénitchka un signe de tête comme à une vieille connaissance.