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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/20

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LE LAC


Les rêves du jeune âge et les songes de fées
Voyaient entre deux eaux les ondines s’enfuir,
Les lutins s’effacer, les follets enfouir
Dans les antres tout noirs leurs macabres trophées.

Pauvre lac aujourd’hui dépouillé d’horizons,
Comme les cœurs flétris tu demeures sans joie !
Ta grève de rochers tristement se déploie
Autour d’une eau stagnante où grouillent des poisons.

La ville a mis sur toi la lourdeur d’un suaire,
Où tes oiseaux parlaient la langue du vrai Dieu.
Et la Mode a chassé dans un poignant adieu
Les desservants ailés de ton doux sanctuaire.

Janvier 1918.