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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/25

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AROMES DU TERROIR


— « Ô Mère, donnez-moi quelque gage inconnu
Qui rappelle à mon Jean ses troublantes promesses ;
Je vous ferai chanter une ou deux grandes-messes,
Si demain l’infidèle est enfin revenu ! »

Alors, une auréole épandit dans la chambre
Une ardente lumière, et Jeannette trouva,
Sur le métier muet qu’une larme entrava,
Tous les trésors du bleu, du carmin, et de l’ambre.

Le soleil lui donna son prisme fulgurant,
Les frais pigments du sol remplirent leur palette ;
Puis, une bonne fée apporta la cueillette
Des chères fleurs des bois, qu’elle prit en courant.

La Vierge offrit son voile au tissu de nuage,
Et l’Agneau du Bon Dieu sa légère toison ;
Un thomise évida son fil en floraison,
Pendant que des vapeurs y pendaient un mirage.

Le rouet de lui-même entonna son ronron ;
Le métier bourdonna, comme aux heures anciennes,
Le chant obscur et doux des voix laurentiennes.
Et la fine poussière irisa les torons.