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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/56

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ARÔMES DU TERROIR

Elle dit que le peuple oublieux se décime
En mesurant son cœur à l’axe d’un décime,
En jaugeant à poids d’or le prix de sa fierté.
Qui sombre d’égoïsme et de lâchetés mornes ;
En quittant les hameaux étagés sur les mornes.
Et délaissant les champs de sa nativité,
Pour aller mendier aux traîtrises urbaines,
La dégénérescence et les torves aubaines,
Que lui jette un faubourg en salaire brutal,
Avec les toits sans feu dans les ruelles closes,
Avec la faim, le vice et ses tuberculoses,
 Qui gémissent dans l’hôpital.

Et pourtant, le village aux émotions saintes

Donne aux cœurs plus de joie, aux âmes moins de feintes,

Pour payer les sueurs qui fécondent le sol.
L’apostolat du blé n’a pas d’indifférence
Pour la peine vouée à la bonne souffrance.
La tâche dédaignée est comme un vitriol,
Et brûle jusqu’au fond la fibre du courage,
Quand la honte du soc maudit le labourage,
Et reproche à la main une callosité
Noire comme un sillon, et comme lui profonde,
Qui porte la naissance et l’avenir du Monde
 En sa sereine austérité.