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Page:Tremblay - Arômes du terroir, 1918.djvu/57

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LA MOISSON DES GUÉRETS


Village simple, et bon, où se lèvent les têtes
Vers Celui qui créa les blés et les poètes,
Le Dieu de tous les temps et de toutes les fois,
Qui parle avec amour aux humbles, qui l’écoutent,
En un langage clair que les fourbes redoutent,
Car il inspire au cœur plus d’actes que de lois.
C’est ce Dieu qui conserve une âme à la Patrie,
Aux heures où les deuils l’ont rudement meurtrie,
Et c’est Lui qui demande aux glèbes de combler
Les vides que la guerre a creusés dans la race,
Afin que l’avenir reconnaisse la trace
 Des forts que rien n’a pu troubler.

Le village a donné sa part à la mitraille,
Et demande sans peur à la meute qui raille
D’où venaient les héros qui reprirent Vimy,
Dans l’érèbe insensé des tortures chimiques
Qu’un monstrueux engin des clameurs dynamiques
Versait, comme un torrent sans cesse revomi
Par tous les noirs volcans qui martèlent la Terre,
Sur les enfants des bois luttant dans les cratères.
Combien ont étouffé le râle de l’échec,
Et remis l’arme au bras pour avancer quand même
En défiant debout leur épouvante blême,
 Pour la gloire du vieux Québec !