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LA MOISSON DES GUÉRETS


Il est temps que la Bêche élague la Couronne,
Et frappe sans merci la horde fanfaronne
Des courtisans improductifs et vicieux ;
L’ouvrier des blés mûrs et l’artisan des villes
Gardent libre leur cœur, si leurs mains sont serviles,
Et ne comprennent pas qu’un roi capricieux
Puisse aux hommes nier le droit sacré de vivre,
Quand la fausse grandeur de son orgueil l’enivre ;
Ils songent que la vie appartient à Dieu seul,
Et savent que le glaive aux mains des chefs d’empire
Vient des rages d’enfer et de la Haine pire,
Qui remet Jésus au linceul.

Il est temps que la Mort halte sa chevauchée,
Pour glaner les froments de la plaine fauchée.
Le travailleur a droit de s’attacher au sol,
Où sont nés ses aïeux, où grandit sa famille,
Et quiconque osera toucher une ramille,
Aux arbres de son champ, ou promener le vol
Des décrets inhumains dans la paix des chaumières,
Aura le sort affreux d’être maudit des mères,
Dont les vœux vont tout droit au cœur sanglant du Christ,
Mort pour elles, et mort pour ceux que la souffrance
A jetés à genoux dans un cri d’espérance
Vers le Fils de l’Homme proscrit.