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PIERRE QUI ROULE

« Nous avons suivi avec anxiété les phases de cette lutte gigantesque et, malgré l’épuisement de la France, malgré que nous la voyions, terrassée et sanglante, se débattre dans les convulsions du désespoir, nous ne perdons pas courage. Nous déplorons ses malheurs, tout en espérant qu’ils seront vengés, et vengés d’une manière éclatante.

« De tout temps, nous nous sommes enorgueillis de notre origine. Notre plus grande gloire est d’être Français. Dans nos fêtes nationales, nous nous sommes plu à répéter que nous sommes issus du sang le plus noble, du sang français. Sera-t-il dit que nous n’aurons été fidèles à nos traditions qu’aussi longtemps que la France aura été prospère ? Et que, suivant la ligne de conduite qui semble être devenue de mode aujourd’hui, après avoir encensé la France puissante et prospère, nous lui aurons tourné le dos pour donner le coup de pied de l’âne à la France malheureuse ?

« Oh ! non ; nous avons trop de cœur ; nous sommes trop français pour pouvoir nous prêter à une conduite aussi indigne. La France a, plus que jamais, droit à nos sympathies, et ses malheurs, loin de faire voir que nous sommes ingrats envers elle, ont servi à prouver que nous sommes encore Français de cœur et d’âme. Dans tous les grands centres où il y a des Canadiens-français, aux États-Unis comme au Canada, le clergé a pris l’initiative en organisant des souscriptions pour venir en aide aux blessés français, aux veuves et aux orphelins de la France. Des sommes assez rondes leur ont été expédiées. Nous n’avons pas donné autant que les Français des États-Unis, parce qu’en général les Canadiens sont pauvres ; mais enfin, chacun y a mis la main et le résultat obtenu a été assez bon. Aux membres du clergé revient la gloire de cette œuvre. Honneur à eux !