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PIERRE QUI ROULE

« Mais, malheureusement, il n’y a pas de tableau sans ombre. Ici, à Woonsocket, où il y a, comme vous le savez, une population canadienne assez nombreuse, on avait parlé, dès le commencement de la guerre, de faire une collecte au profit des victimes françaises. Quelqu’un en parla à M. McCabe, le curé de l’endroit, qui répondit qu’il serait mieux d’attendre la visite de l’évêque, qui devait avoir lieu prochainement, et à l’occasion de laquelle on devait faire une collecte au profit de l’église.

« Sa Grandeur vint, et la collecte se fit, au moyen d’enveloppes qui furent envoyées à tous les membres de la congrégation. Chacun y mit, qui une piastre, qui 50 cents et la collecte se monta à $2,200, dont $700 furent donnés par les Canadiens. À quelque temps de là, le docteur Archambault se rendit à la salle de la Société Saint-Jean-Baptiste et, à l’issue de la séance, fit un appel chaleureux à la générosité des Canadiens. Un comité fut nommé pour faire la collecte et l’ancien club dramatique se réorganisa pour donner une représentation au profit de l’œuvre.

« Tout semblait marcher comme sur des roulettes M. l’abbé Bernard, consulté de nouveau sur ce sujet, répondit qu’il était opposé à cette collecte ; que les Français méritaient les malheurs dont ils étaient accablés ; que cet argent ne parviendrait pas à destination ; que le gouvernement français ou les Prussiens s’en empareraient. Bref, il fit si bien qu’il engagea quelques percepteurs à abandonner la partie. La collecte n’en continua pas moins ; mais, lorsque le bruit se fut répandu que l’abbé Bernard travaillait contre nous, plusieurs personnes, qui se seraient crues obligées de donner s’il le leur avait recommandé, se crurent obligées en conscience de ne rien donner du tout.

« Ceci se passait un peu avant Noël et, comme il est d’usage ici de faire une collecte au profit des prêtres