Page:Tremblay - Pierre qui roule, 1923.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
PIERRE QUI ROULE

le jour de Noël, on n’a pu s’empêcher de penser que la crainte de voir cette collecte diminuer ait été pour beaucoup dans l’opposition qu’on nous a faite.

« Après avoir fait les répétitions nécessaires, les amateurs firent imprimer leurs affiches qui furent distribuées le vendredi. Le dimanche suivant, M. le curé McCabe vint, à la fin de la messe, nous faire un sermon en anglais dans lequel il blâmait les auteurs de l’œuvre et conseillait aux gens de ne pas nous encourager. Il dit que les Français étaient justement châtiés par Dieu ; que c’était s’opposer aux décrets de la Providence que de leur venir en aide ; que la salle que nous avions louée pour notre représentation appartenait à un homme sans principes ; qu’il s’y donnait des bals, de mauvais théâtres, etc. ; que nous attirerions sur nous la malédiction de Dieu en persistant dans notre intention ; que ceux qui avaient un écu de trop feraient mieux de le donner à l’église que de nous le donner.

« Non content de nous avoir nui parmi les Canadiens et sachant que plusieurs Irlandais partageaient nos vues, il leur répéta la même chose à Vêpres et ajouta que nous ne jouerions pas au profit des victimes de la guerre, mais à notre propre profit. La représentation eut lieu le lendemain et nous fûmes mieux encouragés que nous l’avions espéré.

« Malgré l’opposition, malgré la pluie et les mauvais chemins, nous pûmes réaliser la jolie somme de $50, toutes dépenses payées, ce qui prouve que, si nous eussions eu l’aide de MM. les curés, nous aurions pu faire une somme assez ronde.

« Mais, MM. les rédacteurs, c’est publiquement qu’on nous a attaqués, et comme je ne puis monter en chaire pour me disculper, avec votre permission, je me sers de votre estimable journal pour répondre publiquement.