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PIERRE QUI ROULE

songer. On prétendait que cela créerait des difficultés insurmontables et pourtant j’ai vu, pendant le siège de Petersburg, toute une brigade du corps d’armée de Burnside commandée en allemand.

« En 1875, au moment où les volontaires se préparaient à aller faire leur service de camp, le capitaine Rioux, désirant démissionner, me pria de le remplacer. J’acceptai et je fus nommé capitaine par le colonel Ibbotson. Ma commission confirmant cette nomination n’arriva que plus tard. Vu le caractère nomade des jeunes Canadiens de Sherbrooke l’effectif de la compagnie se renouvelait tous les ans.

« Je n’avais ni lieutenant ni enseigne. Je n’avais pas même de sous-officiers et j’étais le seul officier de la compagnie. Depuis que j’avais quitté le service, l’armement s’était modifié ainsi que la théorie. Il me fallut apprendre et enseigner en même temps, former des sous-officiers et exercer, en douze jours de temps, des hommes tout-à-fait dépourvus d’expérience. Jamais je n’ai mieux constaté qu’en cette occasion la grande facilité avec laquelle nos compatriotes apprennent ce qu’ils veulent se donner la peine d’étudier.

« Je tenais à ce que la seule compagnie franco-canadienne d’une brigade comprenant trois bataillons d’infanterie et un escadron de cavalerie, put figurer avec avantage à la grande revue qui devait terminer la série d’exercices. J’eus la satisfaction de la voir évoluer avec une précision des plus remarquable aux manœuvres de bataillon et au simulacre de combat. Je la commandai encore aux manœuvres de l’année suivante, puis, ayant quitté les limites du district militaire, je donnai ma démission.

« J’ai parlé il y a un instant du colonel King. Cela me rappelle ma première entrevue avec celui qui, plus tard, devait devenir son gendre, l’honorable J. A. Chapleau, aujourd’hui lieutenant-gouverneur de la pro-