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PIERRE QUI ROULE

faire expier sur l’échafaud leurs furibondes incitations au vandalisme et au meurtre, on épuisa toutes les roueries imaginables pour soustraire les coupables au châtiment qu’ils avaient mérité. Pour tirer vengeance de la démolition de leur temple, les Indiens pervertis brûlèrent l’église catholique. Ceux qui mirent le feu sont aussi connus que les fanatiques qui les ont endoctrinés.

« On les a traînés pendant des années de juridiction en juridiction ; on leur a permis chaque fois de récuser les jurés catholiques, afin de leur procurer l’avantage d’avoir toujours assez de jurés orangistes partiaux et, malhonnêtes pour assurer leur acquittement. On a fait plus : on leur a taillé, à même le domaine public, tout un patrimoine dans la province d’Ontario.

« On ne s’est pas contenté de leur épargner les punitions qui semblent exclusivement réservées aux catholiques : on les a récompensés de leur crime. Tout cela se faisait sous le coup des importunités et des menaces des fanatiques qui, jusqu’à ces derniers temps, n’ont cessé de réclamer et de vociférer afin d’obtenir le plus possible en faveur des Sauvages protestants, établis par le gouvernement fédéral sur les terres fertiles de Gibson, en récompense de leurs méfaits.

« Pendant que ces choses édifiantes se passaient, bon nombre de journaux français du Canada s’extasiaient sur les beautés du régime colonial, vantaient la liberté religieuse dont nous étions censés jouir, et fulminaient contre la république française qu’ils accusaient de persécuter les catholiques. Trop occupés à pourfendre des ennemis imaginaires qu’ils voyaient partout dans nos propres rangs, ils n’avaient pas le temps de combattre nos ennemis réels.

« La forme monarchique du gouvernement canadien leur paraissait une garantie suffisante de sécurité, de paix et de bon ordre. Les orangistes auraient pu tout