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PIERRE QUI ROULE

tres prédictions qu’on ne lui avait pourtant pas ménagées. Quéquienne dut se contenter de résumer le discours qu’il avait préparé et qui fut plus tard publié par le Messager de Lewiston.

Une élection provinciale ayant eu lieu au cours de l’été de 1886, des orateurs étaient venus de Sherbrooke à Stoke, un dimanche, et avaient péroré sur la galerie de la maison construite par Quéquienne en 1872. En ce temps-là, l’affaire Riel était nécessairement mêlée à toutes les discussions politiques. Quéquienne se crut obligé de relever certaines assertions à ce sujet et prononça un discours à l’emporte-pièce, au grand scandale des partisans du pouvoir. L’hiver suivant, il prenait une part active à l’élection fédérale et rencontrait, en divers endroits, le candidat ministériel, M. Ives, qui fut cependant réélu.

L’année précédente, la Chambre avait porté à $2,000 le salaire des sténographes des Débats. Les traducteurs avaient demandé la même augmentation ; mais, au cours de la discussion parlementaire, les représentants du gouvernement avaient déclaré que les traducteurs devaient se contenter de ce qu’on leur donnait. La raison, alléguée était que les huit traducteurs étaient tous journalistes ; que trois d’entre eux étaient des libéraux ; qu’on ne leur demandait pas compte de leurs opinions et que leurs salaires de journalistes, suppléaient à la modicité de leurs appointements de traducteurs.

Cet argument aurait pu s’appliquer également aux sténographes ; mais ce n’était pas la première fois que la logique des gouvernants péchait par la base. Les traducteurs se le tinrent pour dit. Les cinq conservateurs appuyèrent de leur parole et de leurs écrits les candidats ministériels, et les trois libéraux les combattirent de leur mieux.