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PIERRE QUI ROULE

Quéquienne n’avait pas pris part à la grande assemblée rielliste et anti-pendarde du Champ de Mars, à Montréal, puisqu’il était alors à Fall River ; mais l’élection de 1887 lui fournit l’occasion de dire ce qu’il avait sur le cœur au sujet du meurtre de Régina. C’est à la suite de cette élection qu’il publia sous sa signature les vers suivants qui figurent aujourd’hui dans le rapport officiel des Débats de la Chambre des Communes :

AUX CHEVALIERS DU NŒUD COULANT

Enfin vous l’avez eu votre jour de victoire ;
Vous avez souffleté la patrie aux abois.
Pour vous, la trahison est un titre de gloire,
Vous prodiguez l’opprobre au noble sang gaulois.
Honte éternelle à vous, renégats, mercenaires
Pour qui le vil métal est la suprême loi !
Courtisans d’une secte aux instincts sanguinaires,
Traîtres au sol natal, traîtres à votre foi.
Enfants dégénérés d’une race virile,
Conçus par l’intérêt, enfantés par la peur,
Battez des mains, riez, ô phalange servile :
On nous prend, grâce à vous, pour un peuple sans cœur.
Vous qui d’un zèle outré nous donnâtes la preuve
Quand la patrie en deuil appela ses enfants,
Vous nous avez trahis au moment de l’épreuve,
Et vous rampez aux pieds des vainqueurs triomphants.
En dépit du courroux que vous fîtes paraître
Quand le sang d’un martyr eut rougi l’échafaud,
On vous a vus bientôt, sur un signe du maître,
Insulter la victime, exalter le bourreau.
Depuis lors, piétinant sur le cadavre inerte
De celui qui mourut pour défendre les siens,
Vous n’avez eu qu’un but : consommer notre perte.


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